La question autour de « l’enfant sujet » énoncé par jean Blairon apparaît comme fort complexe car en son sein existent bon nombre d’enjeux : le bon développement de l’enfant, avec son libre choix et la normativité des pratiques éducatives qui visent à les faire rentrer dans un certain carcan. La notion de contrôle apparaît comme légitime au nom de son intérêt mais est-ce son intérêt propre ou l’intérêt qui semble correspondre au carcan sociétal et/ou des travailleurs sociaux. Nous sentons nous entrer dans un carcan sociétal ? Notamment en lien avec les politiques et des avancées d’avantage sécuritaires ?
Beaucoup d’équipes éducatives tentent de partir de l’enfant et en même temps donne du cadre ; c’est aussi une façon d’aider qui est tout à fait légitime.
Au service le choix, on peut rencontrer facilement deux orientations : ils partent des compétences des jeunes et à la fois leur cadre d’intervention est une mesure donnée par le juge de la jeunesse. Dans la justice réparatrice, c’est le jeune qui construit sa réparation où se retrouve la culture de l’entreprise dont parlait Jean Blairon. Le jeune a des outils à sa disposition qu’il peut utiliser pour mener à bien son projet, son entreprise, ce qui lui est demandé. Ex : la démarche d’offrir un bouquet de fleur à la victime émane de la propre créativité du jeune et ce, en dehors du contrôle social. Il existe donc un réel accompagnement du jeune dans sa démarche même si elle s’inscrit dans un cadre de contrôle.
Les Ado apparaissent encore bien souvent incapables de poser leurs propres choix car ils manquent de balises. Certains ont besoin d’accompagnement pour aider à faire des choix.
Face à la loi, il existe de toute façon certains obligations et balise où les jeunes ont du mal à se retrouver face à « vous m’obliger à faire ceci ou cela » ? Où se retrouve sa parole ? Jusqu’à quel point peut-elle est entendue et portée ?
En réunion d’équipe, a-t-on en tête ces questions d’enfant sujet ? Est-ce que c’est ce qui nous parle en premier ? On se base d’avantage sur le Projet pédagogique du service et du PEI. Mais ces questions ne sont-t-elles pas sous-jacentes à la question de l’enfant sujet ? Quel objectif atteindre ? Quels projets pour le bien de ce jeune ?
Quelle place donne-t –on à la parole du jeune ? Qu’est ce que l’on en fait ? Dans les MJ c’est souvent un leurre de croire que tout ce qui est mis en place aux seins des maisons de jeunes relève de la parole des jeunes.
Sa parole c’est une chose mais derrière il y a encore les parents, les éducateurs, les mandants qui ont leur mot à dire.
+Interpellant de voir la place que prend la notion d’adulte en miniature dans une société de consommation.
Dans le moment adolescent, résident beaucoup de mutations, il n’y a pas quelque chose de figé, le jeune se trouve précisément en devenir avec les capacités qui sont propres à chacun.
Le décret de 91 avait pour valeur primordiale la parole du jeune mais il apparaît que cela rentre seulement dans les mœurs…avec ses controverses.
Chaque jeune a son avocat désigné dés l’âge de 4 ans ; ce qui signifie que sa parole à sa place, ce qui est révélateur d’une volonté de le mettre au centre et à la fois interpellant. Est-il déjà à même de cibler ce qui lui est bon.
Au SAJ, la parole du jeune est au centre de la philosophie globale mais on ne sait pas toujours en faire quelque chose au nom de son intérêt. On entend mais on pense qu’il y aurait quelque chose à imposer. Il faut goupiller entre la demande et l’intérêt.
Il est parfois compliqué d’admettre que dans les temps de choix, il existe des flottements. Surtout avec les ado.
La tendance sécuritaire montre une volonté d’occuper à tout prix les jeunes pour éviter les débordements et pour vaincre la peur collective. Que faire avec ces jeunes qui font peur ? Les occuper par des matchs de foot etc. Cette démarche retire l’aspect compréhension et celui de la responsabilisation.
CPAS : le A ne signifie plus aide sociale mais action sociale ; ce qui nous renvoie à la notion de self help. Il faut remobiliser les gens avec le contrôle au-dessus de la tête, il faut montrer que l’on se bouge plutôt que de se réinsérer vraiment.
Frustration par rapports aux enfants qui rentrent en w-e chez eux et où les parents détricotent tout ce qui se met en place la semaine dans le foyer. Constat : les parents sont de plus en plus démolis. Certain ne sont pas capables d’élever leurs enfants. Que faire ? Obligation à se faire suivre psychologiquement ? On ne le peut pas. Alors on demande aux enfants de bouger or, cela devrait être l’inverse.
Vers quoi diriger les jeunes ? Il y a tellement d’intervenants autour des jeunes. Cela fait partie du système et autant en profiter. Si cela leur convient voir ce que nous avons envie pour lui avec le jeune.
Le jeune mis en autonomie. Ils connaissent toutes les béquilles, les ressources derrière la personne. Toujours quelqu’un qui les prendra pour eux.
Jusqu’où est-on prêt à aller ?
Dans le travail social il faut pouvoir accompagner dans le hors norme. Il faut diminuer l’idéalisme.
Ce n’est pas que nos choix qui doivent nous mener, il y a aussi le mandat, le projet pédagogique.
On met souvent les jeunes en situation d’échec avant qu’ils ne commencent leur projet (objectifs, injonctions des juges par exemple)
Ex : un jeune en pré-autonomie où cela ne se passe pas bien. Il réintègre le groupe de jeune. Il apparaît comme gênant donc par facilité on le met en autonomie près de chez sa mère ou le milieu est toxique et on le sait. Ce n’est pas un choix, c’est une facilité.
Intéressant de se poser la question suivante : A qui le jeune pose-t-il problème ? Pour lui ? pour les parents ? Pour les intervenants ?
Les familles de parrainage : on demande à ces familles d’accueillir les enfants dans leur milieu de vie sans changer leurs coutumes et parfois cela coince avec les institutions, c’est compliqué. Quand on parle de familles aux jeunes placés c’est déjà tellement difficile à concevoir. Chacun à une image de la famille. Il n’y a pas de norme pure et dure, on oscille dans les représentations en cherchant le bien de l’enfant.
Q’est ce que l’on demande aux jeunes ? Etre assez autonome pour être de bons consommateurs ?
Dans les MJ, peut-on permettre aux jeunes de rester là à ne rien faire ? Faut-il amener des choses ? Faut-il attendre que cela vienne d’eux ? Faut-il éveiller ?
Les ado ont le droit de ne rien faire, ils en ont besoin. Il y a toujours besoin d’avoir du pédagogique derrière « le rien faire » mais il faut apprendre la notion qu’il y a des temps où l’on ne fait rien et où on ne consomme pas de façon abusive.
Les jeunes qui sont dans un grand décalage par rapport à la société, qui sont dits « difficiles » que fait-on avec eux ? Les mandats sont parfois trop durs et irréalistes. Il faut redoubler de créativité et se rapprocher de leurs actions, de leurs compétences. Il faut aller les trouve là où ils sont. Il y a tout de même moyen de tricoter des projets avec les mandants en se basant sur le besoin les envies des jeunes et surtout sur base de leurs compétences. Il faut continuer à travailler malgré tous leurs comportements qui nous mettent à mal. Suivre le rythme.
Jusque 11-12 ans : oh les pauvres enfants. Après, ce sont des délinquants.
C’est quoi être autonome ? La gestion de la solitude est à mettre en lien.
Comment est-ce qu’il gère cette société ces jeunes ?
La question de la durée est aborder pour se construire. Parfois laisser le temps après 18 ans donne aussi des bases plus solides, dans le secteur on a tendance à vouloir aller trop vite ; ce qui ne permet pas d’anticiper la crise, les rechutes.
Des réflexions plus sociologiques au sein du secteur devraient se faire de façon plus élargie, plus de croisements avec notamment des enseignants, des travailleurs de la santé, de la santé mentale. Si on s’arrête et que l’on prend le temps, il faut s’ouvrir.