10, « C’est pour ton bien » ou « l’intérêt du jeune » .

Compte–rendu de l’atelier 10.  Journée du 21 mai 2010

Question ; Y a t’il qqchose, une phrase interpellante ou qui vous a heurté, en positif ou négatif, ou qui pourrait entrainer un changement dans votre pratique ? Que retenir ? Que mettre en avant ?

« Ce que j’ai retenu mais difficilement applicable, c’est le fait de laisser faire le jeune faire une erreur. Sans rentrer dans un rapport de force, le laisser revenir dans un autre projet .  Aux Colverts ; ne pas faire à la place de, laisser le jeune faire des choix. Comment lui laisser vivre des échecs ? On essaye d’appliquer ça, comment faire si on sait qu’il va se planter ? »

« Le comité européen a la même idée ; faire confiance aux compétences des gens, les accompagner dans leurs essais et leurs plantages. »

« Besoin de laisser au jeune la possibilité de faire une erreur ; pédagogie pratique. Confiance aux jeunes. S’il choisit une voie plus difficile, le laisser faire. »

« Dans les exposés, on n’a pas parlé de l’intérêt des parents ? Si l’intérêt du service est opposé à celui des parents ? Le regard des parents ? Les jeunes sont pris en charge puis retour en famille. Le réel travail du jeune avec ses parents a lieu plus tard. »

« Les thérapeutes parlent d’alliance avec les parents ; il faut un point d’ancrage puis on peut s’occuper des enfants. Il existe un jeu de séduction envers les parents . »

« Laisser les parents faire les démarches demande plus de temps mais cela a davantage de chance de réussite pour les gens. Respecter le rythme de la famille. »

« Cette matinée, utopie. La réalité c’est autre chose ; partir des enfants, c’est une vision acceptée par tous mais non le reflet de la réalité. »

« Nous sommes mandatés pour l’enfant même si il y a le travail avec les familles. L’écoute des enfants est demandée dans le mandat, on essaye de faire qqchose avec cette parole. »

« Rejet du psy par les parents et les intervenants en famille en deviennent des substituts. »

« Les SAIE ont des mandats éducatifs mais un rôle de psy. »

« Il faut être réaliste ; dynamique de parole mais quand l’enfant retourne , il a fait un pas mais aucun travail avec les familles, donc retour dans les mêmes mécanismes. »

« Quand il y a un placement en SAAE, il y a un travail avec la famille aussi. Les SAIE, il s’agit d’un travail dans les familles. »

« La vision de l’intérêt de l’enfant est différente selon que ce sont les parents ou les éducateurs. »

« Au SAJ, les familles sont plus demandeuses. »

« Le concept d’intérêt de l’enfant varie, les valeurs des parents varient….l’alliance avec les parents à éviter quand il y a maltraitance. »
Est –ce que les réflexions entrainent des questions concrètes ?

« Enfants en difficultés ; notion de danger, séparation conjugale, profils des enfants plus inquiétants. Les demandes proviennent de tous azimuts ; PV, école, …Il faut prendre des positions claires. Le service est instrumentalisé, pris dans le combat judiciaire des parents où il s’agit pour chacun de gagner. On fait tout porter sur l’enfant. L’intérêt de l’enfant devient l’alibi du combat. »
Question ; notre idéal de l’intérêt de l’enfant, lâcher du lest, imaginaire au rabais, alimenter la machine des comparaisons. Evolution des conflits, durcissement…. Constat mais que faire lors que l’intérêt parents-enfant est non conciliables ?

« L’enfant peut-être pris comme thérapeute du parent le plus faible et sort de son rôle d’enfant. »

« On oublie la détresse de l’enfant avec des objectifs tous prêts ; école,…on ne prend pas en compte les problèmes derrières . »

« C’est pour ton bien peut entrainer des objectifs concrets de bon sens ; comportement éducatif mais on oublie la position des enfants. Cela revient à alourdir le problème…l’enfant pense être le problème. Confusion des rôles. »

« Situation de l’école ; paradoxe entre l’intérêt du jeune et les besoins sociétaux. Exemple ; MENA apprentissage autre et on lui demande de se conformer aux lois belges. L’école est non-conforme à leur structure. Il faudrait pouvoir instaurer un cadre légal de compagnonnage ou de filières autres qui leur conviendraient davantage. »

« Scolarité problématique ; calvaire pour le jeune. On veut les aider avec nos critères, pas adéquats, demande un réseau particulier. Ex ; vision de l’adulte à 14 ans au Maroc puis se retrouve mineur en Belgique. »

« Dans les pays européens, tout est institutionnalisé. Il existe des cases où mettre les gens. Quand leur laisser décider de mettre des choses en place ? A quel moment, »

Réflexion ; est-ce qu’on ne met pas trop en place et on ne laisse plus de place au jeune pour ses décisions ?

« Temps d’adaptation ? Risques ; peur de certaines situations. On fait appel au mandant pour recadrer le jeune. Capacité de résilience. »

« Attention au concept de résilience. La pulsion de vie est supposée mais il existe une pulsion de mort! On suppose une capacité de rebondir mais pas toujours présente. C’est un juste milieu à trouver. Accompagner la personne mais il y a des jouissances mortifères. Si la personne se laisse aller à cela, il va à la catastrophe. »

« Il y a un point d’arrêt à indiquer ; l’impossible. Un sujet a besoin d’être tiré de cette spirale. »

« Le SAJ est toujours en tension entre la protection de l’enfant et les besoins d’autonomie. »

« Exemple de tout à l’heure, le jeune a survécu pendant 2 ans en se débrouillant, il arrive ici, il est mineur et a donc besoin d’aide pour nous. »

« Il existe deux courants en permanence ; la liberté du jeune et la soumission, rentrer dans le cadre. C’est l’un ou l’autre. »

« L’éducation est impossible ; entre laisser faire et interdire. Sans limite et interdit toujours. »

« Plutôt encourageant ce qui se dit ici ; le bien pour l’autre n’est pas un savoir … auparavant, on sait, on met en place des programmes. Ici, on travaille avec le manque.il existe une place pour le désir , pour le sujet. »

« Renvoi qu’il existe un vide, qui permet la créativité. Auparavant, il n’y avait pas ce discours. »

« Place pour l’imprévisible, l’intemporel. »

« Le pire pour l’enfant, c’est de savoir pour lui. Il y a alors risque de psychose. C’est toujours partiellement vrai. Il faut de la place pour l’altérité. »

« En ce qui concerne les repères, Braconnier a écrit un livre sur les besoins de l’enfant ( comparable au DSM4). Développement de l’enfant, il y a des repères intemporels culturels. »

« Ne pas étiqueter l’enfant. »

« Admettre que la théorie est réductrice. Il n’y a rien de clairement établi. »

« Nécessité d’endroits de parole. »

« Ne pas lui laisser tout faire. Besoins de limites, cadres définis par des théories, desquelles il faut sortir. »

« Quel métier difficile !!! »

« Comment faire passer les limites doucement ? Donner au jeune l’impression qu’il est plus impliqué . »

« Plus il y a de contraintes, plus il y a de lourdeur de vie . »

« Tout est conditionné par un progrès linéaire, il existe peu de temps d’arrêt possible, peu de réflexion. On croit que le progrès va de bas en haut et en ligne droite. Marge de risque difficile qu’on se laisse comme intervenant. »

« Un jeune avec de la pulsion de mort relève plus de la psychiatrie que de l’aide à la jeunesse. »

« On veut tellement mettre de vie à cette pulsion de mort qu’on oublie d’évaluer la pulsion de mort. L’encadrement en devient insuffisant ou non adapté. »

« On oublie de se poser ; pédagogie de valorisation, on pousse le jeune à se bouger. »

« Parfois, le jeune s’autodétruit, refus de tout. »

« Reconnaître son état, il n’est pas en projet. Attention, pas dichotomie ! »

« Détresse= dé-tresse »

« Question de l’activisme ; action différent de l’acte qui suppose un risque, une création. Avoir la possibilité d’innover puis y réfléchir dans l’après-coup, en équipe. Etats-limites aujourd’hui de plus en plus. Obligés de faire avec…retravailler cela mais pas de théorie complète. Savoir troué, place pour moi et l’autre. »

« Forme de pression sur les institutions. Confusion savoir/vérité. Ex ; accident toujours évitable. Impression de toute-puissance. Boulôt mal fait. Gare aux médias. »

« La société n’accepte pas les risques. »

« Pas de soutien ; obligation de moyens pas de résultats. »

« Question des limites, de l’impossible. Question de la décision du juge à commenter ; il ne faut pas toujours discuter. Pente d’aller vers une situation où la décision ne serait plus possible. »

« Le Juge a une figure d’autorité. Expliquer différent de justifier. La justification a une limite. »

« On les décourage de venir écouter le prononcé du jugement. »

« Juge ; quand ça s’arrête ? ex ; Suspicion de maltraitance, mesures reprises toujours, les mesures s’auto-alimentent.Ca ne s’arrête plus jamais. »

« On va loin dans l’intérêt de l’enfant ; ingérence à la famille. »

« Il faut devenir plus parfait. »

« Si on met le pied dans l’aide à la jeunesse, on n’en sort jamais. On demande aux parents d’être plus idéaux que nous avec nos propres enfants. »

A propos Laurent Lebutte

Directeur dans l'Aide à la jeunesse depuis 2001, je suis convaincu de l'importance du réseau pour permettre un travail efficace dans notre secteur. C'est ainsi que j'ai accepté la présidence de SyPa en 2013.

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