Notre groupe est parti de la question : « qu’est-ce qu’un enfant-sujet ? ». Est-ce que prendre en compte la parole de l’enfant suffit à dire qu’on le considère comme sujet ? De plus, il semble qu’on ne puisse pas nécessairement faire « confiance » à la parole de l’enfant (comme dans le cas de parents séparés) car elle peut varier en fonction de la situation. Nous devrions donc la mettre en parallèle avec le comportement de l’enfant.
Dans l’hébergement, on nous dit qu’on part toujours de la parole de l’enfant, de ses besoins, de ses demandes… On relève également l’importance de bien cerner les différentes « cultures » dans lesquelles l’enfant est constamment baigné : celle de sa famille d’origine, celle de l’institution, celle de la société, de la crèche, de l’école… La difficulté serait donc de voir vers quelle « culture » pousser l’enfant, en sachant qu’il peut exister de grandes différences, voire des ruptures, entre les cultures familiales et institutionnelles !
Considérer l’enfant comme un sujet ce serait le voir comme acteur de son avenir, mais jusqu’à quel point ? On voudrait donner aux jeunes des outils de socialisation en vue de leur intégration dans la société, mais ne les pousse-t-on pas, dans ce cas, à renier une partie de leur propre culture ?
La notion d’adaptation semble importante à ce niveau. En effet, le travailleur social doit s’adapter à un grand nombre de situations différentes. Le travail ne viserait-il pas, alors, à aider le jeune à s’adapter à différentes choses (famille, institutions…) ? L’enfant-sujet serait celui qui parvient à s’adapter tout en posant des choix par rapport à ses aspirations, ses priorités… La liberté de vivre des expériences semble un facteur important dans le développement de l’enfant ; il peut être acteur tout en évaluant lui-même les conséquences positives et négatives de ses actes. Mais cela ne semble pas suffir ; on relève en effet l’importance du cadre qui se tient derrière ces expériences ; il faut mettre des mots sur les expériences vécues pour que l’accompagnement soit quelque chose de positif. Un renvoi scolaire peut ainsi être travaillé et servir, par la suite, de tremplin vers autre chose. On parlerait donc de « liberté encadrée ». La difficulté sera alors de savoir jusqu’où laisser la liberté et à partir de quand mettre la limite. A priori, il est important de savoir ce que recherche le jeune et d’avoir conscience du possible décalage entre son objectif et nos propres valeurs…
On ne pointe pas la nécessité d’avoir une cohérence entre les différentes institutions (écoles, hébergements…). Nous passons tous sans cesse d’un système de référence à un autre : nous devons nous adapter, les jeunes également. La différence est même vue comme un atout. Se frotter à différents systèmes peut développer la capacité d’adaptation, à la condition qu’il existe une certaine souplesse dans les systèmes de références.
Par contre, au sein d’une même équipe, une certaine cohérence est bien évidemment essentielle ! Tous doivent partager un certain nombre de valeurs de base. Là)dessus peut ensuite se greffer une richesse qui permettra une accroche privilégiée avec l’un ou l’autre. Il donc essentiel de bien connaître nos valeurs et celles des autres !
Au-delà de ces réflexions, nous constatons que nous sommes payés par la Communauté Française afin d’éviter la marginalisation des jeunes et de leurs familles. Est-ce que cela va de paire avec la possibilité de rendre le jeune heureux ? Nous sommes également soumis à des contraintes, à un cadre et des missions. Il est donc important d’aller revoir ce à quoi nous sommes tenus et d’ensuite mettre ces contraintes en relation avec nos pratiques. Ensuite, on pourra se demander quelle est la place accordée au sujet.
La notion du temps prend une importance particulière : l’enfant est un sujet en devenir, mais nous sommes soumis à des exigences de délais, de majorité… dans notre travail, il n’est pas nécessairement évident de suivre le rythme du jeune !
Enfin, notons que lorsque nous travaillons avec des ados, si nous oublions qu’ils sont sujets, ils nous le font savoir d’une façon ou d’une autre !
Rédigé par Laurent Craps