– S’il fallait retenir une phrase dans ce que vous avez entendu ce matin, laquelle ? Et pourquoi ?
« Intégrer le jeune dans son bien-être à lui »
• Qu’ils deviennent acteurs de leur vie en leur laissant la possibilité de vivre leurs expériences et ensuite, définir leur bien-être à eux.
• Préparer à l’autonomie en fonction du choix du jeune et de ses expériences vécues (exposé des Colverts).
• En droit, on parle de l’« intérêt supérieur » de l’enfant. C’est une locution qui est rentrée dans l’histoire juridique de l’humanité de manière très récente, d’abord sous la notion de « bien de l’enfant », puis dans sa forme actuelle de « l’intérêt supérieur de l’enfant » par la consécration que lui a donné la Convention relative aux droits de l’enfant.
C’est un concept juridique très moderne car le contenu reste assez flou et les fonctions sont multiples. Il n’y a d’ailleurs pas de différence entre « supérieur » (droit de l’enfant) et « intérêt » (déontologie). Le terme « intérêt »ne doit pas être mis en exergue car pas encore signé aux USA.
• Les avis divergent souvent mais le jeune a besoin de se « casser la figure ». L’avis des intervenants peut aussi parfois freiner l’autonomie du jeune.
• L’intérêt peut différer en fonction de l’âge de l’enfant. Par exemple, un bébé n’est pas en mesure de décider ce qui est bien pour lui. Il faut donc le décider à sa place. Il arrive également qu’on prenne des mesures « illégales » dans l’intérêt de l’enfant.
• Comparer la notion de bien-être ou de mal-être d’un enfant est une notion floue et subjective. Chaque équipe possède son propre point de vue sur la notion de danger. Les instances également. Cela dépend aussi du contexte, de l’arrondissement, des personnes, …
• C’est en tous les cas rassurant de savoir qu’il n’y a pas qu’une seule recette en la matière et que nous ne sommes pas les seuls à nous interroger sur les mêmes points.
– Une avec laquelle vous êtes en total désaccord ? Et pourquoi ?
La CIOC (cellule d’information, d’orientation et de coordination)
• C’est une difficulté pour tous (mandants et services privés). Il y a trop demandes et parfois, les instances sont obligées de mettre des jeunes en attente sur la CIOC qui ne rentrent pas dans le Projet Pédagogique du service choisi.
Le seul avantage avec cet outil c’est qu’on interpelle beaucoup plus les services de 1ère ligne.
• Constat AMO : Les AMO servent souvent de succursale c’est-à-dire que la pression est si forte vu le manque de place que nous devons suivre le jeune et sa famille = difficulté du non-mandat et réponse au manque de place. C’est la même chose pour les CAU qui deviennent des centres de crise vu le changement scolarisation-déscolarisation.
– Est-ce que vous avez perçu des différences ou des nuances entre les interventions des services privés et celles des instances mandantes ?
• Nous vivons tous les mêmes difficultés. Parfois, le SAJ travaille de « trop » et les personnes sont soulagées de se retrouver à un moment donné devant une instance qui tranche, décide tels le Parquet et le Tribunal de la Jeunesse.
• Parfois, on peut observer des soucis de timing, de logique différente, de matériaux différents, …
• Dans des situations de danger, nous devons justifier au SAJ les faits mentionnés afin de permettre la judiciarisation du dossier. Le parquet a besoin de preuves matérielles.
– Avec tous ces apports, est-ce que votre propre définition de «c’est pour ton bien» a évolué ?
• Ce sera toujours flou. Les avis divergeront toujours et c’est très bien comme cela.
• Au niveau de la notion de bien-être :
– On peut avoir à certains moments besoin de l’appui d’un tiers ;
– On peut avoir besoin de se former sur le sujet afin d’obtenir des regards différents ;
– Etre une équipe c’est être une addition d’individualités. Il faut donc parfois savoir se faire violence pour arriver à entendre toutes les parties et sortir avec une décision commune qui touche l’intérêt du jeune.
– Il faut souvent se poser la question suivante : « Est-ce que la décision prise touche le bien-être de l’équipe ou celui du jeune ? »
– Il arrive également que le bien-être du jeune ne rejoint pas forcément son intérêt. A réfléchir ?
– Le «c’est pour ton bien» est-il compatible avec notre souci souvent annoncé de «préparer un jeune à l’autonomie» ?
• Parfois, il existe des contraintes qui amènent l’autonomie du jeune au détriment de son bien-être comme la date de la majorité, son âge, le manque de perspective de retour en famille, … et ce, malgré ses capacités intellectuelles, sa fragilité, la solitude, ….
C’est déjà difficile pour le jeune d’être en kot à 18 ans mais que dire si l’âge de la majorité légale passe à 16 ans !